Le Piton des neiges

Et oui ça y est je l'ai fait ! I did it !

Il faut bien comprendre que ça faisait 6 ans que je m'y préparais mentalement à cette rando, qui est un peu le St Graal des randos de la Réunion... Je me sentais toujours pas assez préparée physiquement, trop fatiguée, ou tout simplement pas du tout motivée pour me lever à 4h' du mat' un dimanche matin !

Pour ceux à qui celà évoque quelquechose : 1100m de dénivelé positif et à peu près 0 descente entre le bloc (à Cilaos) et le gite en environ 2h45 -3h (en gros ça ne fait que monter, et bien raide). Le lendemain au saut du lit env 600 m de dénivelé positif (sommet à 3070m d'altitude) puis une interminable redescente de 1700m dénivelé négatif...

Finalement, nous avions réservé 2 places au gite pour la nuit du 8 au 9 mai, profitant d'un double jour férié où je n'étais pas de garde. Sauf que, pris d'assaut, le gite ne proposait plus que des nuits en "bungalow" ce qui se résumait en réalité à une sorte de tente géante avec des parois métalliques absolument inefficaces en terme d'isolation thermique. Dommage quand il fait proche de 0 la nuit ... 

Bref, la première partie de la montée s'est révélée difficile mais pas insurmontable (à mon petit rythme régulier j'ai même fini par dépasser un grand gaillard -certes très chargé- parti bien trop vite !). Bon d'accord je m'étais remise au jogging depuis 1 bon mois et ça m'a bien aidé...  Cyril m'attendait régulièrement et j'ai fini par sympathisé avec une nana qui grimpait légèrement plus rapidement que moi (on va dire que c'est parce qu'elle avait environ 10 ans de moins...) avec son mec qui l'attendait aussi un peu plus haut. On a donc passé la soirée à discuter tous les 4 en tentant de se réchauffer dans le gite bien froid en ce début d'hiver. Enfin j'usqu'à l'arrivée du carri et du punch, où tout le monde a vite fait tomber les épaisseurs de polaires !

Quand nous sommes allés nous coucher à 21h, la moitié de notre chambrée n'a pas suivi et à 4 sur 9 impossible de chauffer "le bungalow" à coup de chaleur humaine malgré les nombreuses couvertures fournis. Début de nuit un peu pourri donc, suivi par une incontournable virée acrobatique et frigorifique aux WC (saleté de vessie) puis par un concert improvisé à 3h30 du mat' au pied de notre tente !! Et oui, des petits malins qui faute de place dans le gite pensaient pouvoir bivouaquer mais se sont tellement pelé les miches qu'ils ont rigolé et joué de la musique pour se réchauffer (voire peut être juste rester en vie...). Bref, autant dire que Cyril , comme d'habitude a dormi comme une pierre mais moi j'ai plus l'impression d'avoir fait une sieste dans le frigo que d'avoir dormi dans un lit chaud...

A 4h'30 du mat', après un muffin chocolat banane et un jus de fruit avalé dans la salle commune dans une atmosphère "camp de base de l'éverest", nous attaquons 600 m de dénivelé positif (ce que heureusement je ne savais pas à l'époque) enmitouflés jusqu'aux oreilles (il devait faire 4°C) et à la lumière de lampe frontale. Le sol est volcanique donc instable , rendant la progression lente et fatigante (en tout cas en ce qui me concerne). A cause du froid et de l'altitude j'ai le nez qui coule sans cesse et je passe mon temps à me moucher, ce qui me fait celà dit une bonne excuse pour m'arrêter un instant. Cyril est loin devant et ne m'attend pas car il est gelé dès qu'il s'arrête et ma compagne de marche me distance à mi-parcours. Je fais cependant "équipe" avec un étudiant parti la fleur au fusil dans ce qu'il pensait être "une balade" et qui me fait rire en disant qu'il va mettre l'ascension du Piton des Neiges sur son CV ! Vers la fin, la pente est très raide, nous sommes fatigués, mais les couleurs qui précèdent le lever du jour nous motivent pour ne pas lâcher prise. 

Alors que je retrouve Cyril arrivé depuis un moment, je tombe sur notre ami Rémi qui est là lui aussi pour le lever du soleil. Il n'en est pas à sa première ascension et est monté directement du bloc avec des amis en partant vers 2h du matin !!! Je ne suis définitivement pas prête pour cette version !

Malgré le froid mordant nous admirons le lever du soleil sur les cirques, les plaines et la mer en savourant la récompense à notre effort.

La redescente, par un magnifique temps dégagé, nous réchauffe, mais la toute dernière partie (à environ 1/2h de l'arrivée) m'achève : malgré mon bâton de marche j'ai les jambes tétanisées qui refusent de se plier  et chaque marche est un supplice. Je dois m'arrêter tous les 5 minutes et pense à faire comme les gamins qui s'assoient, pleurent et ne veulent plus avancer. Sauf que moi j'ai décidé d'être là, personne ne m'a forcé... Quel masochisme quand même la rando !

Rassurez vous, nous sommes rentrés à bon port et j'ai fait une sieste bien méritée (2h) sur la plage d'étang salé pour me remettre de mes émotions, puis une nuit de 13h ! Côté courbatures, un record : presque 1 semaine...

 La preuve en images en cliquant sur le lien ci dessous :

http://www.photoshopshowcase.com/ViewFlashMedia.aspx?AID=373942&AT=3